L’envol des étourneaux – Saison 2

Élodie Escarmelle, Jimmy Médina et Blandine Minot Stora, du Collectif Sauf le Dimanche, ont retrouvé nos étudiants pour la deuxième édition des ateliers d’expression corporelle L’Envol des étourneaux. À travers ces séances où le mouvement devient un véritable langage, les participants ont pu explorer leur rapport au corps, gagner en assurance et oser s’exprimer pleinement.
Chaque atelier s’est révélé être une véritable parenthèse de liberté, un espace bienveillant où l’on apprend à se libérer du regard des autres. Pour beaucoup, ces moments ont été bien plus que de la danse : ils ont permis de dépasser la timidité, d’oser s’affirmer, de renouer avec soi-même.
Retour d’expérience de Blandine Minot Stora, danseuse et chorégraphe :
« J’ai trouvé très riche de retrouver certains participants de l’an dernier qui sont d’amblée entrés dans les propositions de façon bien plus engagée et confiantes. Ils ont donc entrainé les autres nouveaux venus dans une spirale vertueuse de confiance, de bienveillance de tous, et de plongées dans les expériences de danse et de travail sur les sensations.
Je vois combien l’handicap visuel amène les corps à un repli, dans la posture physique, sensorielle, et dans la capacité à prendre sa juste place dans un groupe en rapport aux autres. J’ai vu au fil des séances leurs corps s’ouvrir, leur posture se redresser, la ceinture scapulaire trouver plus de largeur, le visage se détendre et porter plus d’expressions. Nous avons aussi vu des participantes qui, au départ, n’osaient pas se mettre en mouvement, commencer à essayer, à y trouver du plaisir, et peu à peu à faire de plus en plus de choses. Certains participants très émus par des joies ou des difficultés ont pu le partager au groupe.
La cécité tient aussi les corps dans une verticalité stricte, accrochée à la peur très naturelle de tomber. Des expériences de mini vertiges ont été possibles en répétant avec patience des balancés, des petites prises de risque de notre poids versé dans l’espace. La confiance est venue dans le fait de se lâcher hors des axes verticaux et oser l’élan. C’est beaucoup d’émotion, de confiance et de liberté gagnées.
A chaque séance nous avons pu recueillir des témoignages très touchants des participants sur les bienfaits de ces séances. Ils ont nommé la détente et le lâcher-prise, l’expressivité, le corps qui se donne à fond et qui dépasse ses limites, la joie, la confiance donnée et reçue. »
« Beaucoup de choses se sont réveillées, des souvenirs, des émotions… Je ne me souvenais plus que j’aimais danser. » – Patricia TRAN, étudiante en Adaptation
Se révéler à travers le mouvement
Le corps parle, et parfois, il révèle des émotions et des souvenirs enfouis. En dansant, on apprend non seulement à mieux se connaître, mais aussi à se reconnecter à ce que l’on ressent.
Ces ateliers offrent un espace d’authenticité, propice à l’écoute de soi et des autres. Oser s’exprimer, partager sans peur du jugement… autant de clés précieuses pour s’épanouir, tant dans la vie quotidienne que dans le monde professionnel.
« On sort de sa bulle, on ose, on travaille sur soi, sur sa timidité, en mettant de côté la peur d’être jugée » – Kamilia DUBRULLE, étudiante en Bien-Être
Retour d’expérience d’Elodie Escarmelle, danseuse et chorégraphe :
« En 2024 notre focus pour le cycle d’ateliers était « comment se mettre en danse, comment prendre l’espace et faire corps ensemble quand on ne prend pas appuis sur la vision ». Cette année, nous avons travaillé avec comme fil rouge « comment on partage la danse ». En fin de projet, je ressent que la danse est devenue le territoire du partage : partage entre les participant·es, partage entre les artistes et les participant·es, partage entre les artistes dans un relais de binômes vraiment très enrichissant. Les ateliers ont revêtu un caractère très convivial, léger, joyeux, mais aussi intime, sensible, et invitant à l’expérimentation, créant un cadre très précieux artistiquement et humainement, un espace ou chacun·e a pu être soi-même, présent·e et authentique.
Pour cette deuxième édition du projet, je constate la naissance d’une culture de groupe autour du projet et de la danse, qui prend appuis sur les goûts personnels des stagiaires mais aussi sur un compréhension réciproque entre tous les acteurs du projet.
En tant qu’artiste référente du projet, je me sens plus à l’aise dans notre approche de la transmission avec les spécificités induites par les différents niveaux de déficience visuelle des participant·es.
J’ai aussi observé que chacun·e se prêtait plus rapidement au jeu des expérimentations avec une grande confiance dans nos propositions. Dès la première séance, tous les jeux, toutes les consignes étaient reçues par un « oui » collectif, même lorsque certain·es participant·es se sentaient moins sûr·es ou plus fragiles. J’ai senti que le groupe était partant, que les personnes ayant participé la première année étaient de vrais moteurs et soutiens pour le groupe et toute son activité.
J’ai noté une transformation entre la première séance et les suivantes. D’abord, les un·es et les autres prenaient refuge dans le rire ou avaient des difficultés à basculer d’une présence sociale à une présence sensible. Dès la deuxième séance et tout au long du projet, on a vue l’inconfort laisser la place à l’expérimentation, à l’écoute du corps, à l’écoute collective, et les attitudes varier, en étant tantôt joueuses, tantôt attentives.
Les participant·es ont joué le jeu et se sont laissé·es être désorienté·es, perdre leurs repères habituels et traverser d’autres rapports à eux-mêmes, au groupe, à l’espace. Nous avons traversé des moments d’attention très fine au rythme collectif, par le contact ou par l’écoute du souffle, par exemple. Ou encore, certaines explorations autour du rythme et du balancement comme moteur du mouvement ont permis de prendre l’élan dans l’espace, de déployer le corps dans des mouvements amples, en déplacement, avec de l’énergie, et parfois même des sauts.
J’ai été très touchée d’être témoin de ces moments de lâcher prise et de prise de risque, qui reflètent la confiance en soi, en son propre corps et ses capacités.
J’ai vu Astou rayonner de plaisir en dansant accompagnée par Jimmy.
J’ai senti tout le groupe complètement prenant soin de ne pas bouleverser le sentiment général d’apaisement en fin de séance. Un moment suspendu !
J’ai vu Samy littéralement s’envoler dans une danse d’élans balancés.
J’ai écouté Patricia, bouleversée de retrouver son corps dansant.
J’ai vu Eddy dépasser ses représentations de son propre corps pour essayer, chercher, explorer le mouvement.
J’ai ri avec Denise en partageant sa totale désorientation après une danse à deux.
J’ai savouré les moments où tout le groupe était comme « accordé » et vibrait comme un seul corps. »
Patricia TRAN, étudiante en Adaptation:
« Beaucoup de choses se sont réveillées, des souvenirs, beaucoup d’émotions. Je ne me souvenais plus que j’aimais danser. Ce moment m’a permis d’aller au plus profond de moi-même. C’était vraiment super. »
Kamilia DUBRULLE, étudiante en Bien-Être :
« Ces ateliers de danse ont été une véritable bouffée d’oxygène ! Ils offrent une belle parenthèse dans l’année, une coupure bienvenue avec le travail et le sérieux du quotidien. On sort de sa bulle, on ose, on travaille sur soi, sur sa timidité, en mettant de côté la peur d’être jugé. Ici, on vit pleinement l’instant présent, dans une ambiance bienveillante et rassurante. »
Astou NDIONE, étudiante en Bien-Être :
« C’était ma première fois, et ce fut une très belle découverte. Une expérience à la fois enrichissante et stimulante ! L’ambiance était chaleureuse, les danseurs et chorégraphes bienveillants et rassurants. J’ai maintenant très envie d’y retourner ! »
En images :
































